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État du marché du gaz naturel

Dans un environnement économique malmené par un retour marqué de l’inflation, par une rareté soutenue de la main-d’œuvre et par des chaînes d’approvisionnement qui peinent à retrouver leur efficacité prépandémique, le marché nord-américain du gaz naturel doit lui aussi évoluer dans un contexte particulier, poussant le prix de la ressource à des niveaux historiquement élevés.

La croissance de la demande dépasse la croissance de la production

Le rythme de croissance de la production américaine de gaz naturel est affecté par un ensemble de facteurs. Si les producteurs maintiennent le cap sur l’amélioration de leur bilan financier, ils doivent composer avec l’augmentation des coûts de forages et de production ainsi qu’avec des contraintes de transport entre les grandes régions du continent. 
Au niveau de la demande, les températures froides dans le nord des États-Unis et relativement chaudes au sud au cours des mois d’avril et mai 2022 ont largement contribué à élever les niveaux de consommation du côté des secteurs Résidentiel / Commercial et de la production d’électricité. Par ailleurs, la demande de gaz naturel à des fins de liquéfaction affiche une croissance non négligeable par rapport à l’an dernier et se maintient près des capacités limites, stimulant encore davantage la demande de gaz naturel.

Au net, on obtient une croissance de la production américaine de gaz naturel depuis la fin de l’hiver (+1,1 Bcf/j) qui n’arrive pas à compenser la croissance de la demande totale découlant de la hausse de la consommation domestique et de la liquéfaction à des fins d’exportations.

Inquiétudes sur les prévisions d'entreposage

Cet équilibre pour le moins tendu pousse les prix au comptant du gaz naturel à des sommets historiques et réduit les capacités d’injection de gaz naturel en entreposage en prévision de l’hiver 2022-2023. Or, l’hiver 2021-2022 a laissé des entreposages à des niveaux nettement sous les moyennes historiques. Se situant actuellement à environ 17,6 % sous leur niveau de 2021, les entreposages de gaz naturel demeurent l’une des principales préoccupations des marchés. 
Les entreposages sont essentiels pour satisfaire la demande hivernale et équilibrer le marché. Les injections en entreposage s’ajoutent à la consommation domestique et contribuent à exacerber les tensions sur le marché. Dans le contexte actuel, plusieurs analystes anticipent qu’il sera difficile d’injecter à un rythme qui permette de relever les entreposages américains au niveau moyen des 5 dernières années.


Les prévisions de l’entreposage de gaz naturel aux États-Unis pour l’hiver 2022-2023 peuvent inquiéter. Même en augmentant ces entreposages au rythme de l’an dernier, soit environ 8,23 Bcf/j, le niveau anticipé au début de novembre 2022 serait légèrement inférieur à 3 200 Bcf et au minimum des 7 dernières années. Or, même si ce niveau d’entreposage demeure largement suffisant pour épauler la production dans la satisfaction des besoins hivernaux, il n’en demeure pas moins une source de préoccupations sur les marchés.

Sans surprise, l’évolution récente des prix du gaz naturel sur les marchés spot et à terme témoigne sans l’ombre d’un doute de ces inquiétudes et celles découlant d’un été qui pourrait s’avérer plus chaud que la normale. En date du 3 juin 2022, les prix spot à Dawn évoluaient autour des 9,50 $/GJ et les prix à terme jusqu’en avril 2023 étaient tout aussi élevés, soit à des niveaux records que plusieurs spécialistes ont pourtant peine à expliquer.

Qu’ils soient justifiés ou non, ces prix sont actuellement bien réels et frappent directement les consommateurs. Toutefois, il importe de garder en tête que beaucoup d’eau peut encore couler sous les ponts d’ici à l’hiver prochain.

Hautement volatils, les prix réagiront rapidement advenant des températures estivales moins chaudes qu’anticipées ou des températures hivernales moins froides que les normales. Par ailleurs, les prix élevés et la hausse de la productivité pourraient contribuer à relever le nombre de forages et le niveau de production aux États-Unis et ce, au-delà de ce qui est prévu actuellement. Les producteurs pourraient alors nous surprendre, encore une fois!