Bulletin VGE – Mars 2024
État du marché du gaz naturel
Les températures anormalement élevées des derniers mois, notamment celles de février, ont eu un impact certain sur la demande de gaz naturel sur le continent nord-américain et ailleurs dans le monde. Aux États-Unis, les températures relativement plus chaudes enregistrées depuis le début de l’hiver ont entraîné une forte baisse des besoins de chauffage et incidemment de la demande de gaz naturel des secteurs Résidentiel et Commercial.
Alors que depuis quelques mois cette demande évolue sous les moyennes et parfois même sous les minimums historiques des sept dernières années, la production de gaz naturel surpasse quant à elle les niveaux de productions enregistrés à pareilles dates en 2023. Il en résulte un équilibre offre/demande qui pèse lourd sur les prix du gaz naturel. Ceux-ci atteignent des minimums records qui bénéficient aux consommateurs mais qui affectent la rentabilité des producteurs et ce, malgré les gains de productivité réalisés ces dernières années.
Plusieurs producteurs ont déjà annoncé avoir révisé à la baisse leurs cibles de production. Les activités de forages montrent un léger repli et le nombre de puits en réserve (les Drilled-but-uncompleted wells, « DUC ») sont à des niveaux historiquement faibles. Il est cependant encore difficile d’y déceler une véritable tendance baissière puisqu’au cours des prochains trimestres, la mise en service de nouvelles capacités de liquéfaction devrait stimuler la production de gaz naturel, notamment dans les bassins pétroliers et gaziers du centre sud des États-Unis.
Ainsi, malgré des vents parfois opposés, la majorité des prévisions du marché gazier table sur une correction momentanée du rythme de production suivie d’une légère remontée d’ici la fin de 2024. Selon les dernières prévisions de la U.S. Energy Information Administration (EIA), la production américaine de gaz naturel devrait croître de +0,7 Bcf/j pour atteindre les 105,2 Bcf/j en moyenne au cours du prochain hiver 2024-2025. Aucune de ces prévisions n’entrevoit une remontée brutale du prix du gaz naturel.
Ces prévisions sont par ailleurs soutenues par les dernières données sur l’entreposage, qui montrent que les niveaux actuels surpassent les maximums historiques dans une majorité de régions en Amérique du Nord. Du jamais vu depuis fort longtemps! En date du 1er mars 2024, les entreposages ont totalisé 2 334 Bcf aux États-Unis, soit 14% de plus que le maximum des 5 dernières années enregistré à pareille date.
C’est la raison pour laquelle on observe des prix à terme à des niveaux aussi faibles. Alors qu’à la fin octobre 2023 le prix du gaz naturel avoisinait les 5,50$/GJ pour février 2025, le prix pour cet important mois d’hiver oscille aujourd’hui aux alentours de 4,30$/GJ. Même si d’importantes quantités d’eau peuvent encore couler sous les ponts, ce niveau de prix à terme témoigne assez bien de la sérénité du marché gazier à l’égard des éléments fondamentaux de l’équilibre gazier en Amérique du Nord.
Il s’agit donc d’un contexte gazier largement favorable au maintien des prix du gaz naturel dans une fourchette plus soutenable. En date du 8 mars 2024, les prix à terme du gaz naturel s’établissaient à près de 4,03 $/GJ en moyenne pour l’hiver 2024-2025.
Dans ce marché rassuré, il demeure difficile d’envisager une forte remontée des prix mensuels. Un tel scénario semble fort improbable d’ici novembre puisque le niveau élevé des entreposages continentaux semble largement suffisant pour contenir les hausses de la demande domestique qui pourraient survenir advenant un été 2024 plus chaud que la normale.
Viendra ensuite l’hiver 2024-2025. Avec l’augmentation prévue de la demande de gaz naturel à des fins de liquéfaction et la réapparition du phénomène météorologique La Nina, responsable de températures plus froides, il faut certes anticiper des pressions additionnelles sur la demande totale. Or, en ce moment, les prévisions les plus récentes montrent que la production et les entreposages permettront de surmonter ces enjeux.