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Une vision de décarbonation propre au secteur industriel

La clientèle industrielle représente, pour Énergir, non seulement la plus grande part des volumes de gaz naturel qu’elle distribue, mais aussi, par conséquent, la part la plus importante des émissions de GES associés à celle-ci . Ces émissions représentent près de 60% des émissions de GES de portée 3 en aval de nos activités.

En 2022, Énergir avait entamé une grande réflexion sur la décarbonation de sa clientèle du secteur industriel en allant à la rencontre de ses clients afin de connaître l’état de leur réflexion, leurs ambitions et leurs objectifs de décarbonation. Ces efforts se sont poursuivis en 2023 et ont mené à l’établissement d’une trajectoire de décarbonation industrielle.

Cette vision s’avérait nécessaire afin de bien identifier les solutions qui contribueront à la décarbonation dans ce secteur d’activité et ainsi nous permettre d’accompagner adéquatement nos clients tout au long de ce parcours.

Pour la première fois, dans notre rapport sur la résilience climatique 2023, nous avons présenté notre vision stratégique de décarbonation complète de l’énergie distribuée à notre clientèle industrielle à l’horizon 2050. 

 

Quelles solutions de décarbonation pour le secteur industriel ?

La vision que nous avons présentée recourt en grande partie aux mêmes solutions de décarbonation que celles déployées dans le secteur du bâtiment. Toutefois, les solutions sont adaptées à ce grand secteur diversifié. En effet, notre clientèle industrielle est très hétérogène et nombreuses sont les stratégies et les technologies de décarbonation qui seront nécessaires pour atteindre la carboneutralité.

La vision de décarbonation industrielle suit quatre principes directeurs qui s’appuient notamment sur les trajectoires de décarbonation des agences mondiales (Agence internationale de l’énergie (AIÉ), International Renewable Energy Association (IRENA)) et un fournisseur d’information (Bloomberg NEF)1.

  1. L’efficacité énergétique d’abord et avant tout;
  2. L’électrification où (usage) et quand (moment) elle est favorable;
  3. Le recours aux technologies en développement est un incontournable;
  4. Le gaz naturel renouvelable (GNR), la clé de voûte pour s’aligner à la trajectoire 1,5 °C.


L’efficacité énergétique d’abord et avant tout

Tout d’abord, en concordance avec les principes avancés par l’Agence mondiale de l’énergie2, Énergir estime que l’efficacité énergétique est la première mesure de décarbonation qui devrait être déployée, avec ses avantages, multiples tant dans une perspective sociétale et économique que dans une perspective pour les consommateurs d’énergie. Énergir a ainsi développé des programmes en efficacité énergétique pour maximiser les baisses de volume auprès de sa clientèle au cours des prochaines années. Ces efforts devront se poursuivre à plus long terme.

Contribution de l’efficacité énergétique dans la décarbonation complète du secteur industriel à l’horizon 2050 :

  • Selon Énergir : 21 %
  • Selon les agences mondiales : entre 8 % (Bloomberg NEF) et environ 28 % (IRENA)


L’électrification où (usage) et quand (moment) elle est favorable

Bien que l’électrification directe à partir d’une source renouvelable soit le vecteur de décarbonation globalement privilégié en raison notamment de son coût, de son efficacité et de sa faible empreinte environnementale, les enjeux sont multiples dans le secteur industriel. Certains procédés industriels fonctionnant actuellement au gaz naturel sont très difficiles à électrifier (tel que les procédés requérant de hautes températures) ou impossibles à électrifier directement (principalement lorsque le gaz naturel est utilisé comme intrant chimique de production).

Également, lorsque l’électrification est possible, des enjeux peuvent limiter la conversion complète à l’électricité. En effet, dans le contexte énergétique québécois, où l’approvisionnement fiable en électricité à partir du réseau a une très grande valeur en période hivernale, l’électrification complète peut mener à un surdimensionnement des infrastructures pour une petite période de l’année seulement. Ainsi, pour les procédés industriels plus facilement électrifiables (typiquement les procédés à basse température) et pour des usages de chauffage des espaces, Énergir se positionne pour que sles infrastructures existantes réduisent la pression sur le besoin de nouveaux actifs de production, transmission et distribution d’électricité (tel que la construction de nouvelles centrales hydroélectriques) pour permettre la décarbonation.

Contribution de l’électricité dans la décarbonation complète du secteur industriel à l’horizon 2050 :

  • Selon Énergir : 33 %
  • Selon les agences mondiales : entre environ 15 % (AIE) à 27 % (Bloomberg NEF) de contribution.

 

Le recours aux technologies en développement est un incontournable

Lorsque l’électrification directe est plus complexe, la trajectoire de décarbonation est plus incertaine puisqu’elle s’appuie sur un bouquet de technologies encore en développement.

Deux technologies pourraient avoir un impact majeur sur les émissions de GES du secteur industriel : la capture de carbone et l’hydrogène à faible intensité en carbone3. À l’heure actuelle, la capture de carbone offrirait les coûts de décarbonation les plus compétitifs, pour les grandes installations industrielles dont la concentration en CO2 des rejets gazeux est importante. Celle-ci est reconnue comme une composante essentielle de toutes les trajectoires vers la carboneutralité à l’échelle mondiale (GIEC, IRENA, AIE4). Cette technologie serait un incontournable pour atteindre la carboneutralité, en contribuant notamment à réduire les émissions de procédés industriels chimiques (lors de la fabrication de ciment par exemple).

Contribution de la capture de carbone dans la décarbonation complète du secteur industriel à l’horizon 2050 :

  • Selon Énergir : environ 10 %
  • Selon les agences mondiales : Entre environ 26 % (IRENA) à 48 % (AIE5).

Par ailleurs, pour les autres installations industrielles qui misent sur des procédés difficiles à électrifier, une conversion à l’hydrogène à faible intensité en carbone pourrait représenter une solution compétitive à long terme. À l’heure actuelle, l’hydrogène vert6 produit à partir d’électricité de source renouvelable et d’électrolyse de l’eau suscite beaucoup d’intérêt et pourrait représenter une option compétitive à long terme ; d’autres options technologiques visant à produire de l’hydrogène à faible intensité en carbone pourraient également se démarquer.

Par ailleurs, contrairement au GNR, l’hydrogène faible carbone, en particulier l’hydrogène vert, devrait être moins limité dans son offre, réduisant les pressions à la hausse sur son coût d’approvisionnement à plus long terme. Tout comme la Capture de carbone, Énergir estime que la filière de l’hydrogène faible carbone pourrait représenter une option de décarbonation intéressante additionnelle au bouquet des stratégies éventuelles dans le secteur industriel.

 

Le GNR, la clé de voûte pour s’aligner à la trajectoire 1,5 °C

Finalement, à l’instar du positionnement stratégique des bioénergies dans la décarbonation des secteurs plus difficiles à électrifier selon les grandes trajectoires de décarbonation à l’échelle mondiale, Énergir estime que le GNR fait également partie des options incontournables pour sa clientèle industrielle. Le GNR est disponible, interchangeable avec le gaz naturel fossile et permettrait à tout client industriel de décarboner la très grande majorité de ses émissions sans effectuer d’investissements dans son installation et de réduire ses émissions à moindre coût pour la société, en électrifiant ses procédés hors des périodes de pointe et en consommant du GNR afin d’éviter des investissements importants sur le réseau électrique. De plus, le GNR permet de contribuer à la trajectoire d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C puisqu’il contribuerait significativement à des cibles intérimaires de réduction des émissions GES sans qu’une conversion complète d’une installation industrielle ne soit nécessaire.

Contribution de l’hydrogène à faible intensité en carbone et des bioénergies dans la décarbonation complète du secteur industriel à l’horizon 2050 :

  • Selon Énergir : Environ 36 %
  • Selon les agences mondiales : Entre environ 16 % (AIE) à 28 % (Bloomberg NEF)

Énergir estime une plus grande part de ces filières en raison de l’avantage important que détiennent l’hydrogène à faible intensité en carbone et les bioénergies, dont le GNR, pour contribuer aux besoins de gestion de pointe saisonnière dans le contexte particulier du Québec caractérisé notamment par ses hivers froids.

Puisqu’Énergir estime que la contribution de la capture de carbone serait plus faible par rapport aux trajectoires mondiales, cela implique nécessairement que la contribution des autres mesures serait quant à elle augmentée.




La figure 5 ci-dessous présente la projection, de manière statique, en 2050. Cette projection est nettement influencée par les ambitions de décarbonation intrinsèques de ces grands clients industriels, du contexte réglementaire et de l’évolution du contexte technologique global.

Figure 5 Décarbonation des volumes de gaz naturel distribués dans le secteur industriel en 2050 (en milliers de tonnes de CO2)


Note : l’efficacité énergétique est présentée comme une mesure de décarbonation ainsi qu’un regroupement de technologies.

Trajectoire 2050

En suivant cette trajectoire de décarbonation du secteur industriel, nous prévoyons, d’ici 2050, une décroissance totale des volumes de gaz naturel distribués de l’ordre de 45% résultant de nos diverses initiatives stratégiques et que les volumes restants seront décarbonés grâce au GNR et à l’hydrogène à faible intensité en carbone ou au recours à des technologies de capture du carbone.

Pour le secteur industriel, cette tendance débute progressivement, mais devrait s’accélérer à partir de 2030 pour atteindre une diminution des volumes de 35% des volumes d’ici 2050.


Pour en savoir plus sur la trajectoire de décarbonation complète d’Énergir, nous vous invitons à consulter notre rapport sur la résilience climatique 2023, page 27 à 31.

1. AIE (2021) IRENA (2020), BNEF - New Energy Outlook (2022). Dans la présente section, les trajectoires de ces agences sont mises en relation avec la trajectoire de décarbonation industrielle illustrée par Énergir, laquelle intègre également les particularités du contexte québécois et la composition de sa clientèle industrielle.

2. Agence internationale de l’énergie - Energy Efficiency 2022 (https://www.iea.org/reports/en...)

3. L’hydrogène à faible intensité en carbone est celui qui est produit à partir de la biomasse, des ressources renouvelables et de l’électricité nucléaire, ainsi qu’à l’aide de combustibles fossiles lorsque des techniques de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (« CUSC ») sont utilisées et que les émissions provenant de l’extraction et de l’approvisionnement des combustibles fossiles sont atténuées REC – Aperçu du marché : L’actualité sur le marché du captage, du stockage et de l’utilisation du carbone (cer-rec.gc.ca)

4. GIEC, AIE (2021) IRENA.

5.  La valeur rapportée pour la contribution de la capture de carbone et d’autres mesures dans la trajectoire de l’AIE inclut également les conversions de source d’énergie vers des énergies fossiles moins polluantes.

6. Il existe différentes techniques de production de l’hydrogène. Selon le procédé choisi, l’hydrogène obtenu pourra être qualifié de noir, gris, bleu, vert, etc. Attribuer une couleur à l’hydrogène est une façon imagée de refléter sa provenance, c’est-à-dire la matière et les sources d’énergie utilisées lors de son cycle de production. L’hydrogène peut être produit par électrolyse de l’eau (procédé qui consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau pour décomposer ses molécules (H2O) et en extraire l’hydrogène) Si, en plus, le courant utilisé provient d’une source d’énergie renouvelable, tous les éléments du cycle de production sont à faible empreinte carbone. L’hydrogène produit porte alors l’appellation d’hydrogène vert.

7 Inclut les activités d’Énergir pour desservir le secteur du transport de marchandises.