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Gaz naturel renouvelable

Et si on parlait gaz naturel renouvelable ?


Par Renault-François Lortie
Vice-président, Clients et Approvisionnement gazier


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La pyramide inversée de l’efficacité énergétique : l’innovation au service de la décarbonation

Par Sami Maksoud ing, M.Ing., MBA
Conseiller principal Grandes entreprises


 Dans cet article, je revisite le concept de la pyramide de Maslow de l’efficacité énergétique que je présentais dans l’Informa-TECH de novembre 2020. Avec la pyramide inversée de l'efficacité énergétique, j'intègre les notions de période de retour sur l'investissement (PRI) et le gaz naturel renouvelable (GNR) à l'équation afin d'ouvrir de nouvelles perspectives sur la décarbonation des bâtiments.

Des bases solides

Pour rappel, le concept de la pyramide de Maslow de l’efficacité énergétique repose sur l’idée qu’une démarche d’efficacité énergétique doit respecter un ordre logique pour générer des bénéfices tangibles. Cet ordre n’est pas « coulé dans le béton » et peut être adapté aux réalités de chaque projet. Toutefois, un gestionnaire immobilier qui, par exemple, déciderait d’installer un système de géothermie avant d’étanchéifier les fenêtres et l’enveloppe d’un bâtiment pourrait s’exposer à des critiques justifiées.


Innover par la technologie… ou par les idées

L’article explique aussi que l’innovation peut aussi bien prendre la forme d’une nouvelle technologie que d’une réingénierie des façons de faire – bref, amener à faire les choses autrement ou dans un ordre différent. C’est précisément de ce principe que découle le concept de pyramide inversée de l’efficacité énergétique.

Le critère unique - une évaluation unidimensionnelle

Ce concept est né à la suite de rencontres avec des entreprises qui emploient un gestionnaire de l’énergie, autrement dit une personne dont la mission consiste à optimiser la consommation énergétique de l’entreprise et à s’assurer de l’efficience du système global. Ce professionnel doit respecter des critères de rentabilité auxquels chaque projet est soumis, dont une PRI de trois ans ou moins (par exemple) – ce que j’appelle le critère «unique». En réalité, il en existe d’autres, mais si le projet ne respecte pas cette première évaluation unidimensionnelle, ce dernier ne passera pas à l’étape de l’évaluation complète en fonction de sa réponse aux besoins de l’entreprise. Or, sachant que les coûts de projets augmentent plus rapidement que les coûts d’énergie, le responsable du plan aura tôt ou tard épuisé les mesures lui permettant de respecter cette règle des trois ans.


De nouvelles possibilités grâce au GNR

La pyramide inversée de l’efficacité énergétique découle donc de l’idée suivante : lorsqu’on a épuisé toutes les solutions de décarbonation réalisables et/ou rentables, il pourrait être temps d’explorer la possibilité de convertir la consommation de gaz naturel conventionnel, en totalité ou une portion, au gaz naturel renouvelable (GNR). Pourquoi ? Parce que le passage au GNR permet de repenser le projet dans sa globalité et d’ouvrir de nouvelles possibilités, comme le montre le tableau ci-dessous.


Réduire les PRI…

Dans le premier scénario présenté dans le tableau ci-dessous – soit l’utilisation de gaz naturel conventionnel à 100 % sans aucun apport en GNR (scénario 100 % GN - 0 % GNR), le critère unique ne permet le déploiement d’aucune mesure d’efficacité énergétique, puisque toutes les mesures ont une PRI de plus de trois ans (voir les PRI en rouge). En revanche, le dernier scénario (0 % GN – 100 % GNR) permet de doubler le montant des économies réalisées et donc de réduire considérablement les PRI puisque les coûts des mesures restent les mêmes. Il y a aussi un éventail de possibilités à tenir en compte entre les deux extrêmes.

Hypothèses de calcul - décembre 2023 :

- Consommation annuelle de 150 000 GJ ou +/- 3,95 Mm³/année
- GN conventionnel = 4 $/GJ
- GNR = 19,12 $/GJ
- SPEDE = 10 ¢/m³
- Transport/Équilibrage/Distribution = 13 ¢/m³


… et le surcoût du GNR

Or, tel que mentionné dans la section précédente, le surcoût du GNR permet d’augmenter considérablement les économies monétaires et offre du fait même un effet de levier. Donc, pour bien évaluer le surcoût du GNR, lorsqu’il est intégré dans un projet d’économie d’énergie, il faut regarder le résultat final dans son ensemble par rapport à la situation initiale, soit comparer une situation “100% GNR efficace” versus la “consommation de référence en GN conventionnel”.

Le tableau ci-bas résume l’état de la situation de chaque scénario et ce, tout en incluant seulement les économies des mesures sélectionnées (PRI de moins de 3 ans).

On voit qu’il est donc erroné d’évaluer le surcoût du GNR au jour zéro sans tenir compte des possibilités qu’offre son adoption en termes d’efficacité énergétique puisqu’au final, on passe d’un surcoût GNR de 147 % à 82 %. Combiné à un projet de mobilisation de capitaux pour du maintien d’actif, un tel projet permet d’améliorer sa sobriété énergétique, mais aussi de passer à une énergie 100 % renouvelable à meilleur coût.  


Un modèle adaptable

Les chiffres présentés sont tirés d’un cas hypothétique. Même s’ils peuvent varier selon la situation, le calcul reste le même et il est important de comprendre que le passage au GNR permettrait à ce client de réaliser son projet, alors que le statut quo au gaz naturel conventionnel ne lui permettrait pas de le faire. Certains clients accepteront exceptionnellement d’entreprendre un projet dont la PRI est plus longue et de consommer du GNR par la suite. Tout dépend de l’objectif initial. Si l’objectif est d’aller 100% renouvelable, considérer le GNR plus tôt dans le processus peut générer des opportunités en efficacité énergétique.


Penser et faire les choses autrement

Quoi qu’il en soit, si l’objectif ultime du projet est de décarboner un bâtiment (ou un parc immobilier), ne rien faire parce qu’on a épuisé toutes les mesures réalisables et/ou rentables et ne regarder que le surcoût « simple » du GNR n’est pas une solution. En appliquant le modèle de la pyramide inversée et en migrant la consommation de gaz naturel conventionnel (ou une portion) vers le GNR, il devient possible d’implanter des mesures d’efficacité énergétique qui ne respectaient initialement pas les critères de rentabilité. Bien entendu, qui dit passage au GNR dit augmentation du budget d’exploitation et il convient d’examiner comment rentabiliser le projet dans ces conditions. Toutefois, ce qu’il faut retenir, c’est que pour faire progresser un projet de décarbonation, il est important d’innover et de penser les choses autrement. Comme le disait Einstein, la définition de la folie c’est de faire toujours la même chose et d’espérer des résultats différents.


En résumé…

  • Opter pour une consommation 100% GNR dès le début a permis de réaliser un projet global présentant une PRI de moins de 3 ans et d’améliorer sa sobriété énergétique (économies de 26 %)
  • Les économies d’un projet étant récurrentes, ces dollars économisés permettent de réduire le surcoût annuel du GNR (Surcoût annuel de 82 % vs 147 %)
  • Le moment où la décision de se décarboner est importante et va influencer les projets sélectionnés. Si on attend après le projet se disant de réduire les besoins avant d’aller vers une énergie décarbonée et plus coûteuse, les options sont très limitées.
  • Pour les fins de l’exercice, seulement les solutions extrêmes (0% vs 100% GNR) ont été comparées, mais il existe des solutions intermédiaires à évaluer.