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Gaz naturel pour véhicules

L'heure de la réglementation

Par Thierry Salem
Directeur des ventes, marché du carburant, Énergir

Le vent du changement souffle plus fort que jamais sur les transporteurs routiers. La transition vers des carburants alternatifs au diesel n’est plus seulement une question de technologie, d’économie ou d’écologie, mais aussi de réglementation.
Sous l’impulsion des gouvernements du Québec et du Canada, le secteur des transports va être pressé d’intensifier ses efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) dans les années à venir pour contribuer aux objectifs de 2030.


Le marché du carbone creuse l’écart des prix


Le Système de plafonnement et d’échange des droits d’émission (SPEDE) est l’un des outils élaborés par le gouvernement québécois qui va peser sur l’industrie. En vigueur depuis 2013, ce « marché du carbone » commun au Québec et à la Californie ne s’est pas encore trop fait sentir à la pompe, mais cela va changer.

Comme son nom l’indique, le SPEDE comprend un plafond d’émissions (calculées en tonnes d’équivalent CO2, ou TeqCO2) à partir duquel les entreprises doivent acheter leurs droits d’émissions supplémentaires. Or, année après année, le plafond descend, ce qui élargit le nombre d’émetteurs concernés, fait grimper la demande, et avec elle le prix de la TeqCO2. Le droit d’émettre des GES coûte de plus en plus cher : de 10,75 $ en 2013, la TeqCO2 est montée jusqu’à 23,48 $ en 2019, sans compter le prix plancher fixé par le gouvernement qui monte lui aussi d’année en année. Ce dernier devrait friser les 22 $ en 2020, selon la Chaire de gestion de l’énergie à HEC Montréal, qui estime que les prix obtenus en conséquence aux enchères « devraient atteindre un nouveau sommet ».

Compte tenu de ces niveaux de prix, non seulement les transporteurs commencent à voir l’effet du SPEDE sur leurs coûts en carburant, mais ils remarquent aussi la différence qui se creuse entre le diesel et le gaz naturel véhicule (GNV). Même si leurs distributeurs sont tous soumis au même système, le GNV émet moins de GES à unité de carburant égale, et va générer de plus en plus d’économies en comparaison au diesel.


La NCP, pour rouler plus propre sans surcoût


Autre mesure réglementaire à surveiller : la Norme sur les combustibles propres (NCP) du gouvernement fédéral, qui vise à réduire l’intensité en carbone des carburants de sources fossiles. Selon le projet publié bientôt dans la Gazette du Canada, on attribuera à chaque carburant une intensité carbone calculée sur l’ensemble de son cycle de vie, de l’extraction à la consommation en passant par le traitement et le transport (wells to wheels : des puits aux roues). Les producteurs et distributeurs disposeront d’un délai de 10 ans pour réduire cette intensité, à raison de 1 % par an environ à partir de l’entrée en vigueur de la norme le 1er janvier 2022.

Les mesures de réduction pourront être appliquées à toutes les étapes, soit en améliorant les procédés de production et de raffinage des carburants de sources fossiles, soit en y ajoutant des biocarburants (biodiesel, éthanol), soit en y substituant des carburants moins émissifs comme le gaz naturel.

Ainsi, tout volume de gaz naturel vendu par un distributeur génère des crédits qui peuvent être revendus à un producteur qui ne parvient pas à réduire l’intensité en carbone de ses procédés, par exemple.

Du point de vue des transporteurs, la NCP va permettre d’adopter des carburants plus propres sans surcoût. On peut citer l’expérience du Low Carbon Fuel Standard, une norme similaire en vigueur en Californie, en Oregon et en Colombie-Britannique, où l’on peut faire le plein de gaz naturel renouvelable (GNR) au prix du gaz naturel traditionnel.

Produit à partir de la biométhanisation des déchets organiques, le GNR est presque carboneutre : aucune émission nette de CO2, c’est-à-dire un phénomène totalement opposé au diesel. Très populaire en Californie, il est aussi dans la mire d’Énergir qui multiplie les initiatives pour verdir son réseau et le rendre disponible à sa clientèle, notamment dans le transport.

Le gaz naturel aux premières loges de la décarbonisation


Québec dévoilera très bientôt un autre outil pour atteindre ses objectifs, le Plan d’électrification et de changements climatiques (PECC), qui doit stimuler entre autres l’efficacité énergétique et la mobilité durable. Des thèmes chers à Énergir et à mon département, le groupe de développement du carburant, qui a mobilisé plusieurs acteurs clés lors des consultations cet automne. En plus des lettres envoyées par plusieurs parties prenantes de l’industrie, nous avons été ravis de lire le mémoire déposé par l’Association du Camionnage du Québec (ACQ), qui fait valoir le gaz naturel comme une solution mature et disponible pour la décarbonisation des transports.

On le voit, les règlements s’accumulent pour atteindre les objectifs de réduction des GES des gouvernements. Et ils ont pour point commun de favoriser le gaz naturel, ici ou ailleurs comme dans certaines villes européennes qui encouragent sa substitution au diesel puisqu’il émet 90 % moins de particules fines nocives pour la santé. Le gaz naturel s’impose donc assurément comme l’une des sources d’énergie qui va permettre au secteur des transports de rouler plus vert dans les prochaines années et au-delà.

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